La vie est rhizomes

 » Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez vous » disait Eluard.

Pour Dominique, l’homme au bois dormant, notre culture est structurée comme un rhizome. Pour moi c’est la vie même avec ses extrêmes interdépendances, cachées, souterraines et souvent extraordinairement gouteuses et créatives. Je viens d’en expérimenter une nouvelle portion, une nouvelle interconnexion.

Résumé : je blogue, tu blogues, elle commente, toi aussi, je demande, tu acceptes, nous co-créons, puis nous brisons l’écran. Quelques temps plus tard, nous blablatons de ci de là, elle me parle de lui, tu me parles d’un autre, et puis voilà que tu publies un billet sur lui, tu aimes susciter, provoquer, des rencontres un pas plus loin … je lui écris, et au détour d’une métaphore existentielle, il surgit. Notre rencontre était bien prévue ; quant à sa date, elle a eu lieu quand c’était juste, et pas programmé. Liberté j’écris ton nom. Nouvel écran brisé. Et voilà que je viens suivre un atelier de lui dont je ne sais rien de dicible.

S’il n’avait pas fait si froid à l’hiver 2006, si je n’avais pas glissé sur un lac gelé, si je ne m’étais pas cassé le poignet, si je n’étais pas restée 8 semaines chez moi, je n’aurais peut être jamais ouvert de blog et me serait privées de rencontres toutes délicieuses et bousculantes surgies au détour d’un retour à l’écriture régulière. Et je n’aurai peut être pas suivi cet atelier « du sens aux solutions créatives » aujourd’hui.

Alors qu’est-ce qui m’a poussé là, au fond, à explorer les sens aux quatre vents ? La curiosité, la confiance et la vie. La curiosité d’explorer un archipel mal connu, de jouer le long des diagonales des fous, la confiance dans ce que mes amis me disaient au delà des mots, la confiance dans la vérité du corps, la vie qui m’a fait son lot de facéties et de contrariétés comme pour tester la solidité de mon élan premier, et de mon envie d’essentiel.

Je me suis retrouvée ce matin dans cette salle bordée de fenêtres doubles, au parquet gris clair, le dos appuyé sur un coussin vert anis, à partager avec cinq autres personnes mon interrogation du moment. Interrogation qui s’était invitée en toute simplicité à mon petit déjeuner de lundi. Étonnement de l’écho en moi de chacune des interrogations partagées, équilibres dynamiques, conciliations multiples, conjonction des opposés, aimer, perdre, grandir.

Et voilà que le rhizome s’invite pour la journée pour nous rappeler les ramifications complexes de nos interrogations. Et voilà qu’il danse avec nos métaphores. Et comme l’écrivait délicieusement Eva récemment, sur le fil de nos métaphores,  l’ombre ne peut plus se poser à terre, elle s’étire à l’horizon. Et tombent les scories, les questions inutiles, les faux jeux et passe-temps pour brider la vie. Parce que sur le fil de la métaphore je deviens une funambule attentive à l’essentiel : équilibre, grâce et légèreté, sous le regard bienveillant d’un ange gardien qui sait adoucir les chutes. Que faire alors sinon oser poser un pied après l’autre sur le fil, et éprouver en soi la leçon de chaque pas ?

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