La recherche de l’équilibre

Cache cache de lumière
Cache cache de lumière

Le plus difficile pour masser, ce n’est pas tant la technique que l’intention, la disposition intérieure. Ce n’est pas possible de poser ses mains sur l’autre sans être prêt, sans être soi-même prêt, c’est-à-dire ancré dans le sol, les muscles relâchés, la respiration ample. Celui qui m’a appris à masser les pieds disait inlassablement vos bras sont comme des branches de sapin dans le vent. Vous êtes enracinés comme un arbre et vos bras sont des branches de sapin qui ploient sous le vent, ils sont dans le mouvement jamais dans la dureté. Saumya qui m’a appris à masser le ventre disait inlassablement, imagine que de la plante de tes pieds descend profondément dans la terre une racine vivante qui t’ancre à la terre et qui te nourrit, descend dans tes pieds, descend dans ton ventre, laisse l’esprit trouver le calme comme la surface d’un lac. Alors fais confiance à tes mains et masse. Laisse les forces agir en toi, à travers toi.

Bon j’en entends crier à l’ésotérique, pire au new age. Je conçois que cela puisse passer pour éminemment farfelu. Pourtant c’est une expérience que nous avons tous faite : vous posez une question et l’autre vous répond mais vous le sentez absent, votre compagnon vous caresse, vous sentez bien le geste mais il n’est pas habité, votre médecin vous ausculte et vous sentez du froid, votre coiffeur vous shampouine la tête et vous êtes envahi par une image qui ne vous appartient pas, votre masseur (au hamam par exemple) vous masse mais vous ne ressentez pas de détente, juste un peu de confusion. C’est tout cela quand celui qui agit n’est pas centré. Je le fais moi aussi tout le temps malheureusement. Mais j’essaie quand je masse de ne pas le faire, j’essaie quand j’écoute d’être dans la posture du massage, j’essaie quand je fais du sport d’être dans cette disponibilité, dans cette souplesse là.

Pourquoi je parle de tout cela, et bien parce que pour moi il y a deux manières de faire de la photo. Shooter ce que je trouve beau, intéressant, agréable, intriguant, insolite, original. Vous aller sans doute en trouver certaines chouettes mais vous allez glisser à la surface, sans trace, c’est ce que j’appelle faire de la photo vers l’extérieur. Ou alors shooter parce que je « vois » quelque chose. Ma fille appelle cela l’œil photo. Une certaine manière de regarder ce qui m’entoure. Se sentir partie prenante et pas seulement spectateur extérieur, sentir en soi l’écho du monde du dehors, sans entrave.

Pour moi, c’est cela la recherche de l’équilibre, une présence à ce que je fais avec un beau sourire intérieur pour détendre tous les muscles, tous les muscles circulaires, et rendre la vie plus simple, plus lâchée, plus savoureuse.