Étreinte suffocante
Abandon du lieu, du geste, de la paille, de l’odeur
Envahissement moderne éphémère qui recompose, redessine, renfloue, efface.
Abandon par dessus l’épaule, plaidoyer de renaissance.
Le lin renaît d’un mot de ses pailles et de ses pourritures.
Rouissage à l’eau, rouissage à terre.
Rencontre des éléments qui s’annihilent
Subtile usure du soleil et de la rosée.
Dans le bloc de ciment le temps s’est arrêté.
La vase des souvenirs englue le voyeur.
Points de petits cailloux blancs
Juste les mots des anciens paysans
Juste les traces de mousse des murs.
Deux mots déchirent le silence
Rouir, teiller, rouir, teiller
Les murs en renvoient l’écho
La rivière seule se souvient
Le lin comme la peinture se soumet au bon vouloir du temps.
Trop sec la fibre se refuse
Trop humide elle pourrit.
Prière de laisser ses bottes de sept lieues à l’entrée.
Entrer nu, sans mots et sans armure.
Éprouver le lieu et sa solitude
Sans consolation ni divertissement.
Ainsi c’est.
(c) Pali Malom