Incessant

Les jours se suivent et ne se ressemblent pas.

J’ai plié mes débardeurs et enfilé un gros pull en laine aujourd’hui, je frissonnais. J’ai oublié des rendez-vous, acheté des yaourts à la vanille alors que je n’aime pas trop, aidé un papa américain et son fiston à trouver le RER B pour rentrer à l’hôtel à Roissy (trop cool !), marché sur des boulevards parisiens pour retrouver son souffle, ma respiration, mon rythme.

Je crois que jamais je ne me suis autant concentrée sur mon souffle sauf en dehors des zazen bien sûr. Et c’est le même effet pacifiant, unifiant, tellement simple quand on l’a trouvé.
Rideau de pluie

« Notre vie intérieure ressemble à un hôpital rempli de gens très malades qui otn tous besoin d’examens cliniques objectifs et de soins dévoués. »  Jesse R. Freeland

Fulgurance

Le Saint-Laurent, rive sud, Québec, octobre 2008
Le Saint-Laurent, rive sud, Québec, octobre 2008

Certaines rencontres sont fulgurantes, comme un voile qui se déchire et laisse passer une lumière toute neuve. Rien n’est différent, le fleuve est là, la montagne est là, mais la lumière donne une intensité de vie incroyable, un relief inespéré. Cette lumière-là éclaire la vie, l’illumine et survit bien au-delà des jours et des jours. Cette lumière là résiste à l’usure du temps, linéaire, circulaire.

J’ai l’impression qu’elle me lave, qu’elle nettoie mes scories, mes peurs, mes doutes, mesattentes vaines, qu’elle m’offre la chance de gouter le monde tel qu’il est et non plus tel que si  souvent je voudrais qu’ilsoit. C’est tellement tentant de le redessiner à mon image, de le gauchir, de le faire coller à mes espoirs (d’où le danger que j’évoquais hier). Non, ce jour là, je me suis arrêtée sur la route, mue par une impulsion subite. Un sentiment de profonde urgence. Oui j’ai laissé l’émotion me gagner, m’envahir pour retrouver la pulsation. Je me souviens de cet instant où quelque chose s’est ouvert qui me dit que je suis un morceau de ce ciel, de ce fleuve, de cette lumière, de cette beauté là sous mes yeux, dans mes yeux.

Le lac qui se prend pour la mer

Lac du Bas Saint Laurnet, Québec, octobre 2008
Lac du Bas Saint Laurent, Québec, octobre 2008

Le lac est un personnage à part entière, miroir de projection intime, c’est sûr, surface de réflection du ciel, absolument certain, mais aussi témoin du présent immédiat. Impossible d’être au passé ou au futur près d’un lac, seul le présent compte, changeant, fluctuant. La lumière est à saisir dans l’instant même, la lumière, le nuage noir, le nuage rose, les huards.

Ce jour là, le vent du Nord faisait assez violemment son oeuvre et le lac s’est mis à mugir, à gronder comme la mer lointaine, à écumer, à briser ses vagues sur le front de sable et de galets. En guise de frontière des éléments, non pas les familières algues brunes, mais les feuilles rouges des érables et des chênes de la montagne.