Bidoche

Fabrice Nicolino est journaliste, il écrit des livres, des polars, des enquêtes. Il a écrit Pesticides, révélations sur un scandale français (Fayard) et, comme il le dit lui même, il récidive avec un livre sans concession qui s’appelle Bidoche, l’industrie de la viande menace le monde (LLL).

Oui nous avons besoin de protéines, oui nous avons besoin de manger de la viande, sans doute pas autant (nous tuons plus d’un milliard d’animaux en France tous les ans pour nous nourrir) et surtout sans doute pas en traitant les animaux comme on le fait. Par quel mystère les animaux sont-ils devenus des choses ?

Ma fille me disait ce midi que les vaches qui ont un  nom produisent plus de lait que celles qui n’en ont pas. De là à ce que les élevages en batterie se mettent à les nommer en plus de les numéroter, il n’ y a qu’un pas. Mais cela ne changera rien. Celles qui ont un nom et plus de lait, c’est celles qui ont une relation avec les humains qui les élèvent, une relation de vivant à vivant.

Si vous voulez entendre ce que Fabrice Nicolino a à dire, voyez ses vidéos

Si vous voulez aller sur son blog Planète sans visa, il a sorti récemment un papier sur les nécros-carburants qui est très bien aussi.

Je me souviens d’un sujet de philo de ma jeunesse, le degré de civilisation d’une société se juge-t-il à la manière dont elle traite ses morts ? j’avais répondu oui, je réponds toujours oui à la façon dont elle traite ses morts, mais j’ajoute aussi dont elle traite ses vieux et ses animaux.

Une société malade de ses liens avec le vivant, voilà ce que notre monde m’inspire. L’argent a dépersonnalisé, chosifié tant de choses : les animaux, la santé, les services de voisinage, etc ; l’argent a progressivement effacé les liens interdépendance nous laissant croire que nous avions tous les pouvoirs, donc tous les droits.

Nous avons tous le pouvoir de faire un pas de côté et d’essayer, chaque fois que nous pouvons, de remettre les choses en perspective. De voir le bœuf derrière le steak, et tous les humains nécessaires ; de voir l’arbre derrière le meuble, et toutes les étapes de sa transformation. Argent ou pas, nous sommes profondément interdépendants, à chaque instant.

4 réflexions sur “Bidoche

  1. Tu as raison, notre société se coupe de plus en plus du vivant et compense ce vide par toujours plus de consommation et de compensations illusoires. Pousser par le capitalisme et son avatar du toujours plus nous oublions que derrière notre consommation il y a des animaux, des personnes (pensons ici aux stress de travailleurs, au travail des enfants…).

    Nous sommes dans un cercle vicieux, plus nous nous coupons du vivant, plus nous avons besoin de consommer, plus nous détruisons la planète.

    L’absurdité de notre mode de fonctionnement apparaît quand on arrive à de la surproduction, quand des salariés se suicide.

    N’attendons pas que nos gouvernements changent les choses. Comme tu le dis nous avons tous le pouvoir de faire un pas de côté et de changer. Nous avons tous ce pouvoir même si nous n’en avons pas conscience.

    Internet est un levier extraordinaire qui peut permettre à une population de plus en plus large de prendre conscience de la situation et de notre pouvoir.

    Bonne continuation.

  2. Belle réflexion, je me demande cependant si la prétendue civilisation n’est pas justement ce gigantesque effort pour se couper de la réalité biologique, nier le fait que nous soyons des animaux. Un grand effort pour se permettre d’exploiter la petite Planète comme si elle était la possession des hommes.

    Cette négation de la vie qui finira par tuer les humains.

  3. Saveur : Outre l’excellent article d’Hervé Kempf cité plus haut, je ne résiste pas au plaisir de citer Fabrice Niccolino lui même dans un autre papier du monde Faut-il manger moins de viande pour sauver la planète et qui dit que on dispose d’un document officiel, institutionnel, un gros rapport de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) qui date de 2006. En fait, il s’agit d’une analyse globale de tout le cycle de production de l’élevage au niveau planétaire. Pas seulement les animaux, mais leur alimentation, les moyens de transport utilisés [pour les mener aux abattoirs]. Ce rapport estime que l’élevage planétaire émet 18 % des gaz à effet de serre d’origine humaine, et ce total est supérieur à celui concernant les transports utilisés par les êtres humains (voiture, bateau…).

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