Je me doute que chez mes voisins certains départs en vacances sont un peu précipités, sur les chapeaux de roue, dans le petit matin gris, les yeux pas encore tout à fait ouverts. Vite finir la valise, avaler le petit déjeuner, couper l’eau, descendre la poubelle, charger la voiture et zou, partir, enfin partir.
Pour ceux qui restent l’immeuble se vide progressivement de ses bruits de vie, les tuyaux ne glougloutent plus, les portes blindées ne claquent plus. L’ascenseur s’élance moins souvent dans son curieux grincement de tôles. Les téléphones sur vibreur ne se prennent plus pour des djembes enroués. Les télés n’éructent plus la dernière série américaine par la fenêtre ouverte. Le troupeau d’éléphants du dessus est en estive. Mon balcon se vide de ses mégots, restes de chips, balles de ping-pong égarées, poussière de balayage évacuées par la fenêtre, et autres immondices dont mes voisins du dessus me font cadeau, de moins en moins souvent faut reconnaitre…
L’immeuble se transforme en un délicieux havre de paix. Sauf le matin tôt. D’un appartement à l’autre s’interpellent les réveils oubliés qui stridulent leur ennui comme les chiens à la campagne qui aboient en fin de journée pour vérifier que tout le monde est là. Ils s’interpellent à l’heure de leur dernier traumatisme matinal de départ en vacances, donc vers quatre heures, cinq heures, six heures, rarement plus tard. Ensuite, ils font comme les oiseaux, ils profitent de la journée en silence. Mais je me doute qu’au retour de vacances, certains réveils seront complètement aphones…
Bonnes vacances !