Les réveils orphelins

Je me doute que chez mes voisins certains départs en vacances sont un peu précipités, sur les chapeaux de roue, dans le petit matin gris, les yeux pas encore tout à fait ouverts. Vite finir la valise, avaler le petit déjeuner, couper l’eau, descendre la poubelle, charger la voiture et zou, partir, enfin partir.

Pour ceux qui restent l’immeuble se vide progressivement de ses bruits de vie, les tuyaux ne glougloutent plus, les portes blindées ne claquent plus. L’ascenseur s’élance moins souvent dans son curieux grincement de tôles. Les téléphones sur vibreur ne se prennent plus pour des djembes enroués. Les télés n’éructent plus la dernière série américaine par la fenêtre ouverte. Le troupeau d’éléphants du dessus est en estive. Mon balcon se vide de ses mégots, restes de chips, balles de ping-pong égarées, poussière de balayage évacuées par la fenêtre, et autres immondices dont mes voisins du dessus me font cadeau, de moins en moins souvent faut reconnaitre…

L’immeuble se transforme en un délicieux havre de paix. Sauf le matin tôt. D’un appartement à l’autre s’interpellent les réveils oubliés qui stridulent leur ennui comme les chiens à la campagne qui aboient en fin de journée pour vérifier que tout le monde est là. Ils s’interpellent à l’heure de leur dernier traumatisme matinal de départ en vacances, donc vers quatre heures, cinq heures, six heures, rarement plus tard. Ensuite, ils font comme les oiseaux, ils profitent de la journée en silence. Mais je me doute qu’au retour de vacances, certains réveils seront complètement aphones…

Bonnes vacances !

L’italien d’Olivier Baroux

Dans ce film, Dino Fabrizzi (Kad Merad) a deux identités, une pour le travail – il vend des Mazzerati -, pour trouver un appartement – parce que Bensaid c’est rédhibitoire pour nombre de logeurs -, pour sa  copine (Valérie Benguigui) – qui vend des robes de mariée – et l’autre identité, c’est celle du sang, de la famille. Il s’appelle Mourad Bensaid, Mourad comme le désir.

Pour sa famille, il est censé travailler à Rome, et pour les collègues niçois c’est sa famille qui est censée vivre à Rome. Il mène ces deux existences parfaitement étanches et séparées avec la complicité de sa sœur Amel qui n’en peut plus mais. Il est bel et bien enfermé dans ses rôles sans pouvoir en sortir et réussir pour le moment à ne pas se perdre pas lui même.

La vie se charge de lui faire un beau cadeau. Son père a un infarctus et lui demande de faire le ramadan à sa place. il dévore l’islam pour les nuls et rend visite à un imam pour être sûr de ne pas gaffer. Adieu repas d’affaires, horaires éparses, long sommeil, fornication (c’est l’imam qui le dit). Et puis surtout il ne peut plus garder étanches les frontières entre ses mondes. Alors ce qui devait arriver arriva, le monde des mensonges s’écroule. Faire semblant d’être italien tout en faisant semblant de ne pas faire le ramadan, ce n’est pas très évident de son propre aveu.

Crise et opportunité, remise en question, (re) circulation libre de la parole… bon évidemment c’est une comédie pour faire rire alors le trait est parfois un peu grossier, un peu caricatural, mais les personnages ont la bonne épaisseur et sonnent juste.  Son collègue vendeur de voiture est une caricature de vendeur de voiture (de luxe quand même) et de salaud fini. Son meilleur ami, juif et artiste, l’aide à garder le cap, ne pas se perdre et garder les pieds sur terre. C’est le premier à à répondre présent chaque fois que Dino-Mourad est dans une impasse et se réjouir de l’effondrement du mensonge qu’il voit comme une chance.

Un bon divertissement plus profond qu’il n’en a l’air, sur fond de honte identitaire.

Surprise nocturne

Je lisais tranquillement dans mon lit, Dieu est mon pote à moi, toutes fenêtres ouvertes en attendant la pluie. Tout  à coup la pièce a été envahie par l’odeur de madeleines. Un parfum de beurre chaud, sucré, un peu gâteau, un peu biscuit. Enveloppant, enivrant, affamant.  Dans une cuisine près de mon appartement quelqu’un veillait et cuisait des fournées de madeleines. Je n’arrivais plus à lire tellement cela sentait bon. Cela réveillait des envies  de boire une tasse de thé, de tremper les doigts dans la pâte à madeleines, de croquer une Madeleine brûlante, de contempler leur ventre brun et rebondi. Invitation au voyage.

J’ai continué à lire et tranquillement l’odeur a reflué pour s’évanouir dans la nuit. J’ai rêvé quand même de trouver ce matin sur le plateau  du petit déjeuner, quelques témoins de la nuit parfumée. Mais non. Zut !

Douceur du jour

Dix sept degrés ce matin. Les oiseaux ont retrouvé leur voix et leur allant. Une merlette et quelques piafs improvisent un jazz très sourd. Le chat au balcon claque des mâchoires en rythme, un peu trop fortissimo.

Des feuilles d’Earl Grey Sencha infusent dans la grande théière blanche. Deux tasses pour moi et le reste pour la leveuse plus tardive. Elle a profité de la fraicheur de la nuit pour communiquer aux quatre coins de l’univers. Vive l’Internet !

Dernière journée de travail, purge des derniers courriels dans la boite mél, transmission des consignes sur les quelques urgences estivales possibles. Poubellisation intense des feuilles de papier qui gonflent impunément les dossiers si on les laisse faire.

Et une énigme que je ne réussis pas à résoudre. Laquelle de ces deux expressions est correcte : « un, deux ou plusieurs  »  ou alors  « un ou plusieurs ».

Avez-vous une idée ?

Un plaisir après l’autre

Dans mes plaisirs de vacances, l’un est de pousser la porte des brûleries de café, d’aller humer le café qui se torréfie (je recommande la caféothèque pour cela, c’est magique et c’est à Paris), d’essayer un cru que je ne connais pas parmi les arabicas. L’autre plaisir c’est de laisser trainer mes yeux sur les boites de thé et de faire un long voyage. Souvent cela arrête vite parce que la gros des étagères ce sont des thés noirs au fruit : pêche, amande, abricot, cerise, etc. Infusion respectable quand on aime mais pas vraiment du thé pour moi. Je trouve cela un peu trop sucré et très vite acre en bouche.

Samedi je passe chez l’un de mes marchands de thé préféré qui a développé lumière, ambiance contemporaine et sens de l’accueil dans ses boutiques. Je ne savais pas très bien ce que je voulais entre un thé à faire glacé, renouveler mon thé au jasmin ou goûter quelque chose de neuf. Je pousse la porte et ô horreur on me propose une tasse de thé glacé à l’abricot que je décline évidemment pour me saisir d’une paquet de roïbos aux fruits (ok pour ma fille mais quand même). J’éclate de rire et je dis à l’intention du gentil monsieur qui m’avait proposé une tasse de thé que mon comportement n’est pas très cohérent mais j’assume. Il rit aussi. Je lui demande à sentir le Sencha Citron vert. Un délice. Je demande s’il est bien pour le thé glacé. Oui, oui, mais l’earl grey Sencha encore mieux car avec plus de subtilité. J’hésite parce que l’earl grey c’est mon thé du matin (en fait non le matin je me réveille avec le thé des légendes… du concurrent). J’opte pour le citron vert, et délicatement le monsieur me prépare un échantillon de earl grey pour gouter et apprécier. J’apprécie le geste.

Ensuite, ô merveille, juste derrière moi je vois une grosse boite de perles au jasmin. Ils n’en avaient plus depuis des années. C’est un produit de fête tout en délicatesse et subtilité. Je me réjouis de cette bonne nouvelle et demande un sachet pour avoir le plaisir de redéguster ce nectar des dieux. Il m’explique pourquoi ils sont restés si longtemps sans en avoir. Je prends aussi un sachet d’aiguilles d’argent. C’est indescriptible, il faut gouter ! Il me demande si je connais le thé au jasmin aux aiguilles d’argent. Non. Il me fait sentir et là je manque défaillir tellement cela sent bon. Et hop encore un petit échantillon pour goûter.

Bon j’ai mon saoul de produits à déguster. Mon hôte me fait sentir encore quelques merveilles, notamment des primeurs Long jin qui valent une fortune et dont l’odeur m’est restée dans le nez. Et juste avant de tout empaqueter il me demande si je bois aussi du thé noir. Peu lui dis je et pas de Ceylan parce on ne s’aime pas avec ce thé là. Mais un peu de Qimen, du Darjeeling oui. Alors il me glisse avec un sourire complice un dernier échantillon d’un thé noir rare qui sent le chocolat, la mousse d’arbre en plein été, des traces de fleurs et fruits. Une merveille en bouche aussi.

J’ai chaleureusement remercié mon hôte pour le temps passé ensemble, sa passion, sa chaleur et son gout de transmettre les bonnes choses. J’ai passé un moment délicieux dans sa boutique et je suis sortie la sourire aux lèvres. Je ne suis pas tout à fait sûre que mes pieds touchaient encore le sol.

Les êtres invisibles

Henning Mankell a laissé un moment l’inspecteur Wallander et ses intrigues policières pour se plonger dans un autre univers aussi noir. Celui des clandestins. Il a écrit Tea-bag en 2001. C’est un roman, ni un roman noir, ni un polar, ni un documentaire. Un roman fort. Je crois que c’est ce que j’attendais en lisant Quai de Ouistreham qui lui m’avait tant déçu. Cette fois le récit n’est pas raconté par un témoin qui vit la même chose. C’est un entrelacs – et c’est une belle idée littéraire – entre un auteur (de poèmes) et des femmes migrantes qui vivent en clandestinité après avoir vécu l’enfer dans leur pays et qui continue à vivre l’enfer, d’un autre ordre en Suède (cela pourrait bien être chez nous pareil).

Tea bag qui vient du Nigeria, elle a couru pour échapper à la mort, couru, couru, couru et court encore. Tania a ramé, ramé, ramé depuis Smolensk pour échapper à ses tortionnaires et rame encore. Leila vient d’Iran avec sa famille, elle est en situation régulière, mais en danger de mort chez elle si elle ne vit pas selon la loi des hommes. Et Jesper Humli, lui, n est suédois, écrivain, bien inséré dans la vie mais qui ne vit en fait pas vraiment. Il est la part ensommeillée de nous qui ne voit pas : « il se demanda combien, parmi les gens qu’il voyait là n’existaient pas réellement, vivaient en sursis, avec des identités d’emprunt. »

Le roman raconte le choc de Humlin, cet homme ballotté, sans force intérieure, coincé entre son éditeur tyrannique, sa mère qui n’écoute rien et  sa maitresse désagréable qui ne veut rien d ‘autre que des enfants, son rival en littérature. Bref un homme qui vit de faux semblant et qui se prend la vie de ces jeunes femmes en pleine tronche. En bon écrivain il songe d’abord à piller leurs vie pour en faire un livre mais la vie lui fait un bien plus beau cadeau : lui déciller les yeux même si cela devient franchement inconfortable. la vie s’écoule mieux ainsi et lui trouve sa place au milieu des dragons qui ne le laissaient pas en paix.

C’est drôle et poignant, affreux et profondément humain, dérangeant, déstabilisant. Intéressant aussi par la prégnance de la culture africaine de Tea-bag. Sa relation aux ancêtres, aux animaux, aux forces de la nature. C’est le personnage qui a le plus d’épaisseur et qui donne sans doute parmi les plus belles pages du livre.

Sous le filet

Vendredi matin, j’arrive tôt (enfin presque) comme chaque matin au bureau. L’immeuble est silencieux, je suis seule dans notre open space vitré, quatre dans un peu moins de quarante mètres carré. Je savoure une tasse dé café, toutes fenêtres ouvertes pour changer l’air et l’atmosphère de la pièce. Et j’entends dehors un tiiiiiiiiip tiiiiiiiiiiip étonnant qui ne ressemble à rien de connu. Je regarde et je ne vois rien, je me dis que cela doit être un oiseau sur le toit. Je range ma tasse et ouvre ma messagerie. Tiiiiiiiip tiiiiiiiiiiiiiip. Cela ressemble plus à un cri d’alerte qu’à un chant. J’entends un grand frou frou d’ailes et à ma grande stupéfaction, je vois une perruche (désolée je ne connais pas son nom, il y en a une très jolie sur le site Virbac) vert pétard, la queue outremer, le bec jaune pâle, la tête rouge orangée avec une calotte verte, posée à un mètre mois sur le rebord de la jardinière. Elle a l’air franchement inquiète. Je vais lui chercher de l’eau, je m’assieds sur le rebord de la fenêtre et je lui parle. Elle me regarde intensément mais ne semble pas plus effrayée que cela. D ‘ailleurs elle arrête de crier mais se remet en alerte dès que je fais un geste vers elle. Je n’insiste pas. Je retourne à mon bureau, elle me suit du coin de l’oeil et glisse son bec au chaud sous ses plumes. A croire que la vision d’un humain non hostile la rassérène un peu et lui permet de s’autoriser à dormir un moment.

Le bureau où je suis installée est au dernier étage qu’un immeuble en carré et un filet a été posé sur le toit pour éviter que les pigeons ne viennent vivre dans les jardinières et ne salissent tout. Lorsque le filet avait été posé, quatre pigeons ne s’étaient pas enfui malgré tous les pétards lancés pour les faire sortir. Ils avaient été piégé les uns après les autres pour être relâchés. Tous sauf un qui venait me saluer tous les matins (bon d’accord je lui donnais de l’eau et des graines). Il avait préféré passer par la fenêtre ouverte du bureau jouxtant le mien pour remonter en dandinant le couloir vers la liberté. La collègue de bureau m’avait appelée pour que je vienne libérer le fauve. J’avais donc ouvert une fenêtre côté rue et invité le pigeon à sortir par la fenêtre. C’est plus classe que par la cage !

Régulièrement des oiseaux se retrouvent coincés sous le filet. Il doit y avoir un trou ou un défaut de tension à un endroit. Généralement des merles ou des merlettes mais qui trouvent en une demi journée la sortie. Les piafs eux passent à travers les mailles sans problème.

Je verrai lundi matin si la perruche a été aussi douée ou non. Je prendrais avec moi , un gant, un foulard et du millet pour la convaincre de venir sur mon poing, lui mettre le foulard sur la tête pour la calmer le temps de traverser le couloir pour la relâcher côté rue, histoire qu’elle retrouve sa maison qui doit être bien inquiète de sa disparition.

L’âge du bonheur

« Lorsqu’un adolescent entre en sa quinzième année, ses parents lui font présent d’un carnet comme celui que j’ai ici pendu au cou. Il est de tradition chez nous, à partir de ce moment, que chaque fois qu’on se réjouit intensément de quelque chose, on ouvre le carnet et on note dedans : « à gauche ce qui a donné de la joie, à droite combien de temps a duré cette joie ». (…)

Lorsque quelqu’un meurt, nous avons coutume d’ouvrir son carnet et de faire la somme des moments de joie pour l’inscrire sur sa tombe. Parce que, pour nous, ce temps est le seul et véritable vécu. »

in Le chercheur, in Je suis né aujourd’hui au lever du jour, Jorge Bucay.

Dans le conte de ce pays, l’humain qui avait vécu le plus longtemps avait un peu plus de onze ans de joie… Cela me semble si effroyablement ténu !

Je trouve l’idée du carnet délicieuse pour pouvoir replonger dans ces moments de joie que la mémoire efface, plus que pour compter les minutes, heures, années en fait. Je nous souhaite à tous un carnet dodu et bien rempli, et de vivre pleinement !

Tamara Drewe

Délicieuse comédie qui raconte l’histoire d’une femme aimée de trois hommes dans un village perdu au fin fond du monde. Village anglais qui sue l’ennui aux yeux de deux adolescentes locales qui égrènent péniblement les jours. Pestes parfaites se goinfrant de presse pipole, de rêves et fouteuses de m* hors pair pour tromper leur ennui mortel.

Seule distraction au village, la ferme bio qui est aussi résidence pour écrivains en mal d’écriture, tenue par un maitresse femme, épouse d’un auteur à succès de polars- surnommé Nichol’ass. La ferme donc, huit clos qui rassemble quatre écrivains en villégiature, le maitre de céans, la maitresse de céans, leurs filles et Andy, l’homme à tout faire de la ferme, ancien graphiste devenu pépiniériste d’une serre de cannabis qu’il a fumé jusqu’à la dernière feuille.

Un bel après-midi, Tam, ancien souffre douleur des enfants  du village, revient au village pour vendre la maison de ses parents. Après des années d’absence, le nez refait, les jambes mises en beauté dans un mini short, elle escalade la barrière du pré, plus belle que jamais et fait tourner la tête des hommes. Celle entre autres d’Andy, son ancien amant qui n’a pas tourné la page.  Devenue journaliste de presse pipole, elle interview un batteur frimeur et se met à la colle avec lui. Manque de chance, c’est l’idole des deux adolescentes désœuvrées qui sont en pâmoison de les voir s’installer au village. Bon rapidement le bruit, la fumée et la foule manquent au batteur compositeur. Tam le suit à Londres où elle tente d’écrire un roman autobiographique. Puis revient au village et sème, bien malgré elle, enfin presque, la zizanie dans le ronron tranquille des saisons.

Pour la fin de l’histoire, allez voir le film. Ih49 de comédie menée de main de maitre par Stephen Frears. Des portraits croqués avec justesse. Une myriade de personnages excellents dans des registres très différents que le réalisateur accorde à merveille pour concocter une histoire bien plus riche que les apparences qui s’attaque aux affres de la création et aux turpitudes humaines. Vaste programme.

Shim Chong, fille vendue

Je n’ai pas beaucoup de romans coréens dans ma bibliothèque ni dans mes souvenirs. J’ai eu envie de lire celui-ci après avoir lu un billet sur un blog (mais je ne sais plus lequel…), parce que la couverture m’a plu (marron, orange, jaune avec des formes rondes et la texture du papier aussi et enfin parce que je ne connaissais pas l’éditeur Zulma.

La couverture n’est pas pelliculée et glacée, elle est rugueuse comme le coude d’un enfant, chaude au toucher et souple. Le livre est souple, c’est un très beau brochage. Bravo à l’imprimerie Floch à Mayenne pour ce bel objet.

Ce roman est une adaptation « libre » de la légende de Shim Chong, figure de l’imaginaire coréen nous dit l’éditeur. C’est le roman d’apprentissage d’une jeune fille devenue prostituée. Shim Chong est élevée par son vieux père, seul et aveugle, sa mère est morte en couches. Lorsqu’elle eut dix ans, une marâtre vint s’installer avec son père et la vendit à un marchand de Nankin pour qu’elle épouse le grand pays de la Chine. Jadis cela voulait dire être sacrifiée au dieu de la mer, à présent cela veut seulement dire être mariée à un riche chinois.  Un vieux de chinois de plus de soixante-dix ans pour elle. C’est le début pour elle d’un long voyage au pays du corps, des relations hommes-femmes, de la sexualités, des maisons de plaisir de petite ou grande tenue, de la guerre de l’opium, de la pauvreté, de la Chine et du Japon. De la fin du XIXe siècle au début du XXe siècle puisque Chong vivra plus de soixante dix ans.

Plusieurs morales un peu simplistes à l’histoire :
– le respect de l’étiquette, des règles et des usages est une planche de salut
– savoir s’adapter au monde dans lequel on est projeté brutalement est un gage de survie et de santé mentale
– ne jamais oublier ses rêves pour avoir une étoile qui brille dans les heures les plus sombres
– bien choisir les personnes à qui on fait confiance.

Une lecture plaisante et dépaysante, des scènes de sexe – nombreuses- plutôt élégamment décrites, une fresque historique intéressante, la bouffe très présente comme dans beaucoup de romans asiatiques, très mauvais en période de régime ! Un bon documentaire sur le négoce sexuel de l’époque mais un roman écrit dans une langue (d’accord c’est traduit) pas très riche. Cela « tient » par l’histoire, pas par le style et la composition. C’est un peu dommage.