Le bonheur, me dit un ami, ce midi à déjeuner, ce n’est pas le but, c’est le chemin. Oui, le chemin de soi, rester au plus près de soi même. Ne pas s’écarter pour ne pas se perdre, pour ne pas perdre la flamme. Oui peut être, rester debout sur le chemin quand tout s’effondre. A bien réfléchir, en fait ce n’est jamais le réel qui s’effondre, ce sont les chimères construites inlassablement et qui cachent le chemin. Autant les laisser s’effondrer plutôt que de continuer à gaspiller l’énergie à effectuer de vaines réparations sur des murs sans fondation.
Oui, à chaque instant se pose la question de savoir ce qui lie et délie nos morceaux de vie, et si nous pouvons les nouer ou les denouer. Oui c’est rassurant d’épisser les torons disparates de nos vies, de chercher à donner un semblant de cohérence. Mais au fond, au nom de quoi ? Je ne sais pas bien répondre à la question. Il me semble que ce sont les projets de vie qui donnent la structure, qui canalisent l’énergie et permettent d’avancer sur le chemin. Quand l’habitude l’emporte sur le projet, cela ramollit, c’est la marée des « à quoi bon » qui monte. Marée de grande équinoxe ou simple clapot sur la plage écrue.
Il faut beaucoup de courage pour abandonner ses habitudes et renoncer. La sagesse serait sans doute de ne pas renoncer mais de chercher plutôt le chemin pour s’en détacher, chemin encore plus caillouteux !
Les amitiés et les présences douces sont très précieuses sur le chemin, quand on n’est pas sage… et quand on l’est aussi !