Lové dans un Rêve

Il est là, tout contre moi. Je ne vois rien dans l’obscurité. Je sais juste qu’il est là. Paisible, tranquille, endormi sans doute. Et puis l’ombre s’éclaircit, des points blancs la transpercent dessinant une guirlande, une ligne de flotteurs par lesquelles la lumière rentre. Les points blancs s’élargissent et deviennent de délicats boutons de lumière. La nuit est transpercée de minuscules spots qui diffusent une lumière très douce, très tamisée. Il n’a pas bougé, et c’est à peine si je sens l’onde de sa respiration sur mon flanc gauche. La courbe de son corps dessine le mien.

J’attends que mes yeux s’habituent  à cette nouvelle lumière pour regarder. Mais peut être l’image serait plus nette les yeux fermés. Peut être que je pourrais voir à travers mes paupières closes. Le rêveur choisit l’endroit d’où il regarde, il n’est plus dépendant des lois du corps.

A présent je le vois. Nous sommes tous les deux sur un sol de terre battue, de la poussière ocre, de longues lignes de ronds noirs et blancs traversent l’espace de part en part. Lui m’apparait coloré de grès rouge, de terre d’Uluru. Mi homme mi animal, un curieux assemblage de kangourou rouge qui nage, de tortue sanguine sans carapace ou d’opossum roux incarné en serpent de feu.  Il fait l’exacte bonne longueur entre le creux de mon bras et le rond de ma hanche. Il dort très profondément. Et le rêve,  cela ne s’interrompt pas.

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Pour le plaisir tu peux lire cet entretien délicieux avec John Stokes